samedi 30 novembre 2013

Vertige sous la pluie



Le pas est lent sur le chemin
Le souffle est court, la pente est dure
Granit rose et quartz blanc
Fuient incertains sous la chaussure

Dame nature essuie les gouttes
L'averse file sur les cistes
Dessine au sol quelques coulures
Larmes de Christ et pleurs d'argile

Terre dissoute et traces molles
La troupe avance et ses empreintes
Et sa parole au loin s'efface
Ou se déplace au gré du vent

Les corps s'inclinent, plient sous l'effort
Forcent l'allure. En flic et flac
L'ondée les gifle et mouille et plaque
L'eau éclatée d'éclaboussures

Le Monte Gozzi est tout proche
Rouge des roches sous le ciel gris
Et les nuages s'effilochent
Semant de pluie un froid de glace

Est-ce une envie, une menace ?
Comme un appel, la vie, le vide
Venue des plaines ouvre ses ailes
Et nous enlace de vertiges


© Copyright Merle Bleu

jeudi 28 novembre 2013

Délit d'embellie

Douceur née d'un fantasme, il l'aperçoit parfois
Apaisante embellie, vacillant ectoplasme
Ondulant le désir, déroulant de la soie
Vaporeuse folie que l'on ne peut saisir

Fragrance imaginaire, émanation fugace
Une odeur, un parfum a sublimé son air
Et défini l'espace, abolissant le temps
Éternisant l'instant avant qu'il ne s'efface

Vision en flottement, caressant vent léger
L'envolée d'une image absorbe la pensée
Et le souffle se pose au baiser d'un mirage
Et la lèvre apprivoise un dernier frôlement

L'apparition se trouble, éperdument s'échappe
Et reste un sentiment, d'un vide, d'une absence
Qui comblerait les sens, brûlerait la raison
Enflammant cette étape où l'on se quitte ou double

Assoiffé d'idéal, parfois l'esprit s'absente
Et s'imagine en rêve une source d'envie
Une vie qu'il s'invente, une poésie brève
Un reflet qui fascine et puis d'un coup se voile

De ces lambeaux d'étoile il lui reste l'amour
Et ce songe en velours serré contre le cœur
Qu'il lui faudra garder en attendant ce jour
Où au fond de ses draps glissera le bonheur


© Copyright Merle Bleu



dimanche 24 novembre 2013

Impensable

Il pleuvait des éclats qui desséchaient la peau
Il soufflait un vent chaud au remord des banquises
Et le ciel était bleu comme papillons morts
Tout au bord d'une esquisse avec la larme aux yeux

Ils regardaient les cieux et pleuraient les nuages
Ces vapeurs d'un autre age, moutonnements soucieux
N'étaient plus du voyage et s'installait la peur
Et le questionnement: après la faim, la fin ?

Tout venait du début, de leurs buts et leur soif
De cette avidité où s'étaient englouties
Les ruisseaux de leur monde et les chansons de Piaf
Leurs rêves inaboutis, leur absence de ronde

Ils ont lâché la main, celle que l'amour pardonne
Noircissant de carbone, dupliquant leurs demains
Raturant leurs espoirs sans la chance en retour
Éradiquant leur sang dans le ventre des bonnes

Chevaliers d'industrie sous nos regards amorphes
Conquérants du dollar ou d'un euro mythique
Forgeant le squelettique où trébuchent les strophes
Hiroshima catastrophe aux lendemains hagards

Plus un seul hall de gare aux confins du désert
Juste un chant de misère et quelques pauvres cons
Au linceul du sol, tout au raz de la terre
Leur dernière prison où rien de désaltère

Une terre sans rien qui ne reste d'Humain
Juste les os peut-être
Plus une goutte
Ni être
Et tous ces grains
Sans même un chat
Ni vie de chien
Si haïssable

Des routes
Du sable
Rien


© Copyright Merle Bleu

jeudi 21 novembre 2013

L'armée rouge

Au creux de l'oreiller il l'écoutait marcher
Bruit de bottes pulsé s'imprimant en cadence
Piétinant l'innocence et rythmant la pensée
Éclaboussant de poisse ses souvenirs d'enfance

Une armée s'approchait et c'était cette angoisse
Qu'un gamin sans défense entendait progresser
Obsédante avancée diffusant sa menace
Hachurant ses idées et martelant ses tempes

Avant le lendemain ils seraient sur ses traces
Ils étaient là tout près et n'auraient qu'à le prendre
Serait-ce pour le pendre ou bien le fusiller ?
Ou bien pour l'enrôler sans pouvoir se défendre ?

Scrutant l'obscurité l'enfant voudrait savoir
Où donc est cette troupe qui vient pour le chercher
Il a peur de ce noir, il n'ose plus bouger
Ses jours sont en danger, c'est sur, c'est sans espoir

Le pas se fait rapide, ils sont soudain pressés
Allongent la foulée et s'approchent plus vite
L'enfant est oppressé et tout se précipite
Il soulève la tête et ses cheveux dressés

Pensant la voir rouler il découvre en silence
Suspendu à l'instant, que le bruit à cessé
Où se sont-ils enfuis, se sont ils écroulés
Ont-ils tous disparu, ces soldats de la nuit ?

S'allongeant de nouveau, ils les entend encore
Lointain décor comme s'ils étaient passés
Marcheurs irréguliers sans y mettre le cœur
Tout au long d'une artère où le sang vient pulser


© Copyright Merle Bleu

dimanche 17 novembre 2013

Croissant de brume

En Pierrot d'infortune
Il s'était argenté
D'un seul morceau de lune
Et l'avait accroché
Au sommet de son ciel

Dans ses journées de brume il y trouvait refuge
Une partielle trêve à l'abri de ses peurs

Il chantonnait ses rêves
Lui qu'on disait distrait
Il n'était qu'une absence
Leurre ou symbole abstrait
D'une ronde insouciance

Il en pris la pâleur en acquit la distance
De ce monde en retrait il devint le transfuge

Il y fit sa prison
Recherchant la lumière
Papillon loin des siens
Se brûlant aux tisons
Des songes en poussière

Une nuit de nuage et sans age ou repère
Entouré de livide il se vit et le vide

Comprit qu'il n'était rien
Privé de la chaleur
Éclairant le chemin
D'une main que l'on tend
Aux battements du cœur

Il saisit une plume arrosée de ses pleurs
Inscrivit de sa main son histoire et sa lune

Et son amour croissant
Au long du parchemin
Et le lança au loin
Au loin
Pour dissiper la brume


© Copyright Merle Bleu

jeudi 14 novembre 2013

Reflet et au delà

Derrière le miroir
Il y a tant de choses
Que l'on ne peut pas voir
Au delà des reflets
Vibratos illusoires

Derrière le miroir
Au delà de l'image
Là où commence l'âme
Et où fini l'outrage
De l'imparfait d'un être

Derrière le miroir
Et au delà du temps
Il y a nous enfants
Et tout ce qu'on a pu croire
Qui nous a fait renaitre

Derrière le miroir
Il y avait nous deux
Et nos rêves vitrail
Pour la vie, pour un soir
Où la chance chancelle
Où la chandelle danse

Derrière le miroir
Au delà de nos yeux
A deux pas de conscience
Tout au bord de nos failles
Il y a cet espoir
D'un destin lumineux

Derrière le miroir
Comme un aveugle rit
En éclatant le vers
En mille verroteries
Il y a le revers
Et ce vide intérieur

Ces colliers de prières
Que l'on adresse aux dieux
Comme un miroir du je

Avec rien derrière


© Copyright Merle Bleu

mercredi 13 novembre 2013

Utopique topic

Pour un drapeau brandi
Pour un lopin de terre
Pour un orgueil délétère
Combien d'êtres humains ?

Faut-il vraiment la guerre
Et des tirs de fusils
Faut-il de la misère
Pour se donner la main ?

Est-ce que l'on est grandi
D'un hymne militaire
Au pas des volontaires
Y a-t-il un lendemain ?

Que sont donc ces frontières
Ces chants et ces prières
Qui nous font ennemis
Sur le même chemin ?

Est-ce que nos différences
Ne portent pas l'espoir
N'est-ce pas une chance
D'avoir plus d'une voix ?

Il n'y a pas de gloire
Aux combats d'un autre age
A toutes ces victoires
Qui ont le goût du sang

Elles sont le désespoir
De ces femmes en noir
Au cadavre blafard
Qu'elles bercent en pleurant

La troupe est l'instrument
Du pouvoir en musique
Et la chose publique
Ne l'est jamais longtemps

Ce qui serait courage
Ce serait de bâtir
Ce monde d'invincibles
Où l'arme est tolérance
Et le partage est cible

Mais le veut on vraiment ?


© Copyright Merle Bleu

dimanche 10 novembre 2013

Jour de pluie

Le ciel de velours sombre arrose de tristesse
Et couvre de ses pleurs le versant des collines
Sous des gouttes rouillées dégoulinant de spleen
La roche se lamente oxydée de détresse

Le soleil est parti dévastant de nuages
L'azur et tous ses ors, les labourant de gris
Déversant sur la terre en pluie d'insectes morts
Les ondées du déluge en larmes d'un autre age

Les teintes aux douleurs pâles ont des reflets mouillés
Et grelottent de froid sous la lumière éteinte
Sous les éclats du temps la boue revient souiller
Les rêves d'une étreinte aux couleurs du printemps

Frileuse de l'instant la flore vient s'abreuver
Nue de la tête aux pieds et ployant sous le vent
Les chaleurs de l'été l'assoiffaient de rosée
Et la privaient du sang de l'averse orageuse

Déboulant de la pente, affluant aux galets
Murmurant aux torrents, l'eau refait son chemin
Facétieuse absente inondant les palais
Chantonnant son refrain et s'écoulant des gorges

Un avenir se forge aux sources de la peine
Et toutes nos rivières y tracent un destin
Certaines sont des leurres aux méandres obscènes
Ou festins de diamants aux rires en bandoulières


© Copyright Merle Bleu

vendredi 8 novembre 2013

Souffle alizé

Poser du bout, du bout des lèvres
Comme un mot doux, un doux baiser
Sentir le chaud, chaud d'une fièvre
Tout envahir d'un alizé

Rose et vanille brillant sourire
Voir l'océan au fond des yeux
Venir tanguer, tanguer navire
Peaux sous la vague en camaïeux

Explorer jusqu'au bout d'un monde
Pour une terre, terre promise
S'enrouler sur la mappemonde
Nu sous la bris(e) d'une Marquise

Monter au vent, boire au désir
D'une caresse, caresse d'eau
Au soir tombant de nos soupirs
Là tout au long, au long du dos

Sentir le souffle sur l'échine
Comme frissonne une grand voile
Sur la mer rouge ou noire de chine
Lire un reflet, reflet d'étoile


© Copyright Merle Bleu

jeudi 7 novembre 2013

Sous le vent

Il est des mots qu'on sème
Comme des graines sous le vent
Des mots qui germent soulevant
Des mots qui panse
Des mots qui s'aiment

Il est des pensées qui s'élèvent
Comme l'esprit vers les nuages
Pensées qui s'expriment en rêve
Pensées d'amour
Pensées messages

Il est des amours bien peu sages
Comme des herbes de mi folles
Amours qui vibrent de bémols
Amour dénote
Amour désole

Il est des notes que l'on touche
Comme les mots d'une pensée
Notes qui disent de l'amour
Notes qui vibrent
Notes qui pansent

Notes messages folles s'égrainent
Germent et s'élèvent soulevant
Comme des mots, comme des graines
D'une rengaine sous le vent


© Copyright Merle Bleu

mercredi 6 novembre 2013

Valse à trois temps

Hier s'efface à petits pas
Ses couleurs se délavent
De ses images graves
De ses moments sépia

Des anciennes bourrasques
Il me reste le vent
Quelques portes qui claquent
Sous les frasques du temps

S'étire le présent
Glacial et sinueux
Comme un froid de nous deux
Qui me claque en dedans

Dans nos cœurs enneigés
Notre trace se perd
Sous des masques de glace
Où la vie s'est piégée

Sous un souffle embué
Quelques songes s'envolent
Fugitifs et symboles
Blanchissant les nuées

Demain c'est le lointain
Vaporeux illusoire
Et son regard vitreux
Comme un miroir sans tain

Mais au fond de mes yeux
Vient valser l'hirondelle
Tournoyant vers le bleu
L'espoir fait de dentelle


© Copyright Merle Bleu

dimanche 3 novembre 2013

Les yeux fermés

Écoute ce murmure empreint de couleur rose
Effleurant sur ta bouche un songe diaphané
Écoute ce soupir où se penche ma prose
Et tout ce qui te touche à me faire damner

Il survole léger tes rêves exaltés
Fait frissonner la peau et bruler le désir
Là où taisent les mots et s'égare le souffle
Majestueux plaisir surgissant de nos braises

Écoute chuchoter cette montée d'étoiles
La brève voix lactée où s'ouvre un Univers
Où le son de ces vers est une mélopée
La blanche nébuleuse où Vénus ôte un voile

Sur tes lèvres ressens la douceur de mon âme
Cet intime appuyé à l'unisson des tiennes
La flamme d'un début __ nue vacillante et ivre
Feu de chaleur païenne __ incandescent sublime

Soleil __ bleu des éclairs __ dispersant les abîmes
L'esprit vient de s'unir à ses envies charnelles
À l'instant vient frôler d'atomes l'Éternel
Le cristallin du temps où le charme s'exprime


© Copyright Merle Bleu

Univers féminin

Tu es cette éternelle rose
Fait du plus tendre des pétales
Le doux velours où je me pose
Tout enivré d'un idéal

Femme écarlate ou scandaleuse
De la douleur tu délivras
Qu'il soit de mère ou bien loveuse
Le fruit d'amour entre tes bras

Tu es les lèvres sur la peau
Où le crapaud se rêve prince
Là où mon cœur parfois se pince
Quand il est pris comme un oiseau

Tu es ce parfum de toujours
Celui qui me revient sans fin
Comme un refrain de tous les jours
D'un lit d'amour ou d'un couffin

Tu es la source à mes rivières
Et cette mer où se déverse
De mes désirs, de mes prières
De mes averses un peu d'amer

Tu es ce miroir infini
Cette matrice où naît l'image
Où vient se refléter la vie
Et les prémices d'un voyage

Tu es début et tu es fin
Là d'où l'on vient, là où l'on veut
Sans toi tu sais, l'Homme n'est rien
Qu'un feu éteint sous ses cheveux

Tu es ce parfum de toujours
Celui qui me revient sans fin
Comme un refrain de tous les jours
D'un nid d'amour ou d'un cou fin


© Copyright Merle bleu

vendredi 1 novembre 2013

Cap occulté

Comme un avion privé de cap
Ou je m'enfonce ou je redresse
Comme un gros zinc part en piqué
Y faut qu'm'éjecte catapulté

Les yeux rivés au fond du noir
J'sais plus vers où j'dois piloter
Tu sais j'ai mal de notre histoire
Mais j'vais passant, pas sangloter

Comme un poisson sans ses nageoires
Où vais-j' sans ailes et sans espoir
Comme un bateau sans gouvernail
Au creux d'la vague à dériver

Mayday mayday, bip et balise
Sous mes valises fuit la détresse
Là où ma vue se noie de stress
Là où mes joies sombrent et s'enlisent

Alors je ris vide et benêt
Comme un pantin, un funambule
Et je m'agite et gesticule
Comme une pair' de ridicules

J'm'envoie en l'air, je m'éjacule
A coup de rimes incendiaires
Mais dans mon coeur il pleut des gouttes
Et ça m'dégoutte, oui, ça m'dégoutte

Les yeux rivés au fond du noir
J'sais plus vers où j'dois piloter
Tu sais j'ai mal de notre histoire
Mais j'vais passant, pas sangloter

M'sieur météo faites un soleil
Comm' l'arc en ciel peint la couleur
Parce que parfois j'ai tant sommeil
Que j'en oublie qu'y a des oiseaux

Et Dieu la haut, mets la gouttière
Je n'en peux plus d'ce froid dans l'dos
Je voudrais bien qu's'envole hier
Et que mon temps s'remette au beau

Comme un avion privé de cap
Ou je m'enfonce ou je redresse
Comme un gros zinc part en piqué
Y faut qu'm'éjecte catapulté


© Copyright Merle Bleu