jeudi 17 décembre 2015

La mort dans l'âme (essai)

Vouloir et souvenir.

Elle glissait à l'infini entre les ondes d'énergie, parcelles de savoir privées de sensations, intelligence pure. Elle ignorait le temps, elle était là depuis … toujours. Sa mémoire avait perdu ce tout début. Son seul état était l'attente, sans direction, sans aucun sens … et pour cause, elle était phase immatérielle. Pourtant, il lui fallait atteindre un but, aller plus loin sur le chemin des connaissances. Confusément une force la guidait vers quelque chose, un changement d'état.

Il lui fallait un corps.

De la conscience, lentement, elle naquit aux sensations … embryonnaires tout d'abord, à peine perceptibles. Un fourmillement ténu en réponse au vouloir, une réponse infime à ses interrogations. Elle découvrit l'action, le prolongement de sa pensée. L'exploration était enivrante, inespérée, elle avançait ignorant les limites. Elle se sentait VIVANTE, vibrante d'excitation, habillée de matière. Hésitante tout d'abord, elle compris le geste, sa source et sa destination, la réussite et le plaisir, tout lui faisait du bien.

Puis vinrent les limites.

Elle pris conscience des distances, de ce qui l'entourait, des résistances organiques, de la douleur. Le cri fut intérieur et sans limite. Vivre était aussi souffrance. Quelque chose manquait d'un vague souvenir … Il lui faudrait renaître.

Ce corps lui hurlait ses messages, il était vulnérable, avait ses pulsions, ces demandes autonomes. Il fallait préserver ou partir. Partir sans savoir, sans comprendre … impossible. Composer et apprendre, engager un dialogue fût son choix de sagesse. Le temps ne comptait pas. La souffrance surgit, interminable … et puis la lumière fut, elle perdit la mémoire à la sortie du noir.

Elle était prisonnière d'un être inabouti, gauche, maladroit dont la seule expérience résultait de l'échec. Elle était à l'étroit soumise à l'enveloppe, aux aléas de la chair. Un équilibre délicat restait à établir. A la chimie du corps elle adressa l'angoisse eu pour seule réponse la terreur et la fuite. De frustration en frustration elle apprit l'imparfait et le renoncement, la perte d'innocence … n'y trouvant aucun sens, elle comprit …


Un jour ou l'autre il lui faudrait partir.

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