dimanche 24 novembre 2013

Impensable

Il pleuvait des éclats qui desséchaient la peau
Il soufflait un vent chaud au remord des banquises
Et le ciel était bleu comme papillons morts
Tout au bord d'une esquisse avec la larme aux yeux

Ils regardaient les cieux et pleuraient les nuages
Ces vapeurs d'un autre age, moutonnements soucieux
N'étaient plus du voyage et s'installait la peur
Et le questionnement: après la faim, la fin ?

Tout venait du début, de leurs buts et leur soif
De cette avidité où s'étaient englouties
Les ruisseaux de leur monde et les chansons de Piaf
Leurs rêves inaboutis, leur absence de ronde

Ils ont lâché la main, celle que l'amour pardonne
Noircissant de carbone, dupliquant leurs demains
Raturant leurs espoirs sans la chance en retour
Éradiquant leur sang dans le ventre des bonnes

Chevaliers d'industrie sous nos regards amorphes
Conquérants du dollar ou d'un euro mythique
Forgeant le squelettique où trébuchent les strophes
Hiroshima catastrophe aux lendemains hagards

Plus un seul hall de gare aux confins du désert
Juste un chant de misère et quelques pauvres cons
Au linceul du sol, tout au raz de la terre
Leur dernière prison où rien de désaltère

Une terre sans rien qui ne reste d'Humain
Juste les os peut-être
Plus une goutte
Ni être
Et tous ces grains
Sans même un chat
Ni vie de chien
Si haïssable

Des routes
Du sable
Rien


© Copyright Merle Bleu

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