dimanche 8 septembre 2013

Du haut des pyramides

Du haut de sa planète l'Entité regardait les hommes, le travail de certains, l'avidité des autres, l'allure de cette fourmilière lui semblait insensée. Ils étaient tous sur cette même terre, mais avaient au sol tracé des lignes imaginaires qu'ils appelaient nations.

La puissance de chacune était une obsession qui pouvait entrainer un désastre. On aurait pu croire qu'au sein d'une nation les hommes soient solidaires. Pas du tout, là encore le maitre mot était compétition. Assurément l'homme aimait les pyramides, les plus élancées étant un gage de réussite.
Et c'est à leur sommet, en trophée, que se trouvaient les richesses. Leur importance était telle que leurs détenteurs étaient bien incapables de les utiliser, même en se livrant à d'exorbitants caprices.

La structure était si bien pensée, le conditionnement si fort, qu'une poignée d'humains suffisait à diriger le monde et que personne ne semblait s'en étonner. Il faut dire que le système était gradué, à chaque échelon, chacun était assuré d'être plus haut que d'autres. Il y avait bien tout au bas de l'échelle des gens qui n'avaient rien, mais ils espéraient tellement avoir un peu, ils regardaient tellement l'étage juste au dessus qu'ils étaient bien incapable de distinguer un quelconque sommet, d'avoir une vision d'ensemble.

Moins visibles étaient d'autres structures, leurs tentacules ignoraient les frontières. Elles faisaient, défaisaient les pyramides au hasard des ressources. Organisaient des guerres, détruisaient les nations. Pour elles tout était à vendre, chaque chose avait un marché.

L'homme au sein de sa pyramide disposait parfois d'un droit d'expression. On ne lui demandait pas de l'utiliser intelligemment, juste de choisir un Nom. Le Nom savait bien lui ce qu'il avait à faire, il connaissait les gens du sommet.

Parmi les nations, certaines étaient investies d'un pouvoir supérieur. Elle savaient où étaient le bien et où était le mal. Le fait que le mal soit souvent proche des ressources n'était que pur hasard.
Au sein des plus miséreux, on trouvait aussi beaucoup d'ignorance. C'était le terrain idéal pour inculquer la foi. La foi ? Quelle foi ? Peu importe, celle qui permettrait de partir à l'assaut des pyramides, celle qui donne l'ivresse des sommets.
L'Entité était songeuse.

Elle savait qu'au milieu de cette humanité il existait d'autres valeurs que celles à vendre. L'amour, la fraternité, l'humanisme. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'est pourquoi tous ces hommes cherchaient au sommet ce qu'ils n'avaient qu'à partager.


© Copyright Merle Bleu

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