lundi 8 avril 2013

Marlène



Souviens toi de nous deux en messes buissonnières,
Les trois sous du curé nous offrant friandises,
De nos épées en bois traçant des boutonnières,
Découvrant de la vie la libre gourmandise.

Entre moi et l'ainée ta place était étroite,
Tu fus garçon manqué et fille dénigrée,
Mais au fond de ton cœur tu étais âme droite,
Émotions en pudeur, refus de simagrées.

Je te revois plus tard en belle adolescente,
Arrachant à la vie un peu de liberté,
A l'insu du tyran aux manières violentes,
Échappant pour un temps à ses lois édictées.

De toi tu fus peu sure évitant les amours,
Ta source de douleurs était la jalousie,
Ainsi brula ta vie à la langueur des jours,
Trompant la solitude à coups de fantaisie.

La maladie te prit en pleine fleur de l'age,
Les nerfs t'avaient trahie d'une sclérose en plaque.
Remèdes aberrants et conseillers peu sages,
En poussées foudroyée tu subis les attaques.

Je te revois encore à la mort d'une mère,
Ton rire ahurissant sur le vide en ta tête,
Ton fauteuil trépidant aux trous du cimetière,
Ce jour semblait pour toi sonner comme une fête.

Et puis tu es partie en trouvant le repos,
Ton prénom tricoté en pelote de laine,
Tes cendres envolées mettant fin aux cahots,
Me reste en souvenir, ma tendre sœur, Marlène.


© Copyright Merle Bleu

8 commentaires:

  1. Simplement un sourire tendresse sur ces mots qui font si mal.... et qui m'ont remué profondément le coeur....
    Clem❀‿❀

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    1. Ainsi va la vie Clem...Marlène reste dans mon coeur, comme un plein pas comme une absence. Bises et douce soirée, Pierre

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  2. Un bel hommage en ce poème douloureux...douloureux à écrire certainement, comme douloureux à lire...
    Merci pour ce partage

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    1. Bonsoir Christian, j'ai écrit ce texte il y a déjà un moment, lorsque je me suis rendu compte que je ne pouvais pas ne pas écrire un texte concernant cette soeur dont j'étais si proche. Une façon de perpétuer sa présence, mais sans douleur, plutôt comme un hommage, une offrande aux souvenirs, les bons comme les mauvais. Belle soirée, Pierre.

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  3. Poignant ! Une esquisse entre portrait et non-dit que l'on devine et qui rend encore plus délicatement fragiles, ces vers...
    Douce soirée,
    Bises

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    1. Merci Eleusis d'apporter ta lecture tout en profondeur et en sensibilité. Cette sensation d'un vrai partage sur le fond. Bise, Pierre

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  4. Bonjour Pierre-Eric,
    J'ai lu et relu et je dois dire que tes mots et la tendresse mise pour cet hommage à ta soeur ne quittent pas encore ma tête et mon coeur. J'aime les vers autobiographiques tant ils nous en disent tant sur la sensibilité de leur auteur.
    Merci et passe un beau week-end
    Bises

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    1. Merci Moun, cette tendresse est là, intacte, pour cette soeur que j'aime toujours, où qu'elle soit. Bises, Pierre

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