samedi 6 avril 2013

Blues des blouses



U Gigliu: lys des sables,
Bâtiment au nom de plante,
Edifice psychiatrique
Où le vague à l'âme s'ensable.
Où la mesure est la rente,
Le Saint Graal est le fric.

Ici, banalement l'humanité s'enlise:
La Normalité, aux symboliques blouses blanches,
Traite, en lasse indifférence, les files d'humeur grise,
Deal le bonheur en pilule, solitude en tranche.

Le blanc se distingue du gris, cela ferait tâche.
L'échange est codifié, et l'éthique est pratique,
Elle permet les esquives, les postures un peu lâches.
Le geste est machinal, le remède est chimique.

Le blanc parait magnétique tant le groupe est compact:
chaise contre chaise. Les patients, à distance pensent qu'ils bullent.
Ne vous y fiez pas! Ces égarés affabulent!
Pour que ces blouses restent blanches évitons les contacts!

Seuls les repas rythment des journées interminables.
Les blouses bleues, généreuses, servent l'ordinaire minable.
Une blouse verte, stagiaire radieuse, représente l'espoir.
Son sourire si sincère redonne envie de croire.

Abandonnés à eux-mêmes, les otages du temps
S'observent, méfiants, bien souvent meurtris par la vie.
Enfin l'humain parait: un sourire bienveillant,
Un geste attentionné, enrobé de pudeur.

De ces blues gris, nait bientôt plus d'amour qu'ailleurs.
Les robots blancs alertent promptement les naïfs,
Le gris cache des manipulateurs, soyez prudent, soyez attentif!
Mais est-ce vraiment différent dans d'autres couleurs ?

Ce gris, croyez moi, luit de tellement de nuances,
S'il était parmi eux ne serait-ce qu'un tricheur,
Cette âme en rupture d'amour, perdue, en errance,
Ne ternirait pas tout ce qu'a reçu mon cœur.


© Copyright Merle Bleu

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